Aucun visiteur des centre villes n’a pu passer sans le remarquer : les commerces abandonnent les centres urbains. Il s’agit d’un phénomène généralisé, même s’il est plus prononcé dans certaines villes. La politique a un rôle crucial à jouer pour enrayer ce déclin. Encore faut-il qu’elle ait une vision du futur de la ville…

D’un point de vue quantitatif, tant Codata que Locatus insistent sur l’importante vacance de cellules commerciales en milieu urbain observée depuis 2015, même si l’augmentation est moins sensible que dans les périodes précédentes. Et parmi les nombreuses cellules vides, celles dont l’inoccupation est structurelle sont les plus préoccupantes. Ces deux entreprises spécialisées dans l’information commerciale signalent également la forte augmentation de la superficie commerciale disponible. Pourtant, les projets continuent d’affluer, soulevant des débats passionnés sur la pertinence de ces investissements, souvent élevés, alors que la superficie commerciale sature largement.

La problématique est au centre des Comités d’Animation de quartier, des Associations de Commerçants, d’Agences pour le Développement Local ou autres outils d’animation des centres-villes. Alors que la Belgique paraît à la traîne pour trouver des solutions efficaces pour enrayer la tendance.

Il y a quelques jours, j’assistais à une présentation du CEGEFA et l’UCM relative à la vitalité des commerces de centre-ville. Il me semble utile de partager quelques avis et impression sur le sujet.

La pression est forte sur les commerçants pour se remettre en question et innover. Clairement, la cohabitation entre commerce électronique et vente en magasin doit encore trouver ses marques et la complémentarité des deux canaux de vente doit encore s’éclaircir. Mais dans une démarche de fun shopping, les commerces de centre-ville ont encore vraiment leur place. Tandis que les commerçants cherchent à trouver le meilleur positionnement, il me semble utile d’envisager la responsabilité des politiques dans le déclin auquel nous assistons.

La politique, au niveau local ou à un niveau supérieur, dispose de nombreux moyens pour modifier cet état de fait. Mais elle a souvent utilisé (et utilise encore) ses pouvoirs sans réelle vision de la ville du futur.

La tendance, presqu’anarchique, de « rendre la ville aux piétons », en provoquant une circulation plus complexe, voire interdite, en supprimant les places de parking et en dissuadant le flux automobile, a certainement fait fuir les consommateurs. Elle les rend disposés à se rendre à l’extérieur de la ville pour faire leurs achats sachant la proximité de leur voiture pour les y déposer.Contenu colonne1

 

Une politique foncière proactive (qui souvent, il faut l’admettre peut passer par des mesures coercitives et/ou des incitants financiers) pourrait participer à un renouveau de la vie urbaine. Sans aller plus loin, je pense notamment à

  • L’encouragement à l’occupation des étages des immeubles commerciaux des centres-villes ;
  • La régulation des coûts de location des surfaces de vente urbaines souvent disproportionnés par rapport au rendement du commerce ;
  • La création de parking intra urbain gratuits, bon marché ou modulés de manière à ne pas dissuader la fréquentation des rues commerçantes ;
  • L’interdiction de diviser les surfaces de vente et l’encouragement concret à agrandir celles qui existent ;
  • Le faible niveau d’investissement pour adapter les bâtiments existants aux caractéristiques actuellement requises pour l’évolution des commerces ;
  • Le refus de création de centres commerciaux en dehors du centre-ville. Ce point est d’autant plus crucial que de nombreux retail parks ou autre forme de commerce groupés en dehors de centres commerciaux peinent à trouver leur rentabilité (ex : Maasmechelen Village) alors que ceux situés en centre-ville peuvent encore le prouver ;

L’ensemble des mesures du pouvoir politique doivent s’inscriredans une véritable dimension d’aménagement du territoire qui nécessite une vue à long terme, dans la durée, bien plus longue que celui d’une législature.

Que voulons-nous que notre ville soit dans 30 ans ou plus ? Que faut-il faire dès à présent pour atteindre ces objectifs ? Un réel plan et une réelle vision pour notre habitat futur doivent se définir, parallèlement à d’autres aspects tels que la mobilité ou le développement durable de la ville.

En France, il existe des villes gagnantes comme le décrit très bien l’article du Figaro. Elles ont fait le pari, gagnant, de la réflexion et de la participation citoyenne. Ils ont choisi de maîtriser leur avenir plutôt que de le subir. A chaque fois, la constante est la volonté du pouvoir politique pour une gestion proactive, attentive et volontariste du centre-ville. En Belgique, des villes telles que Saint-Vith, LLN, Waterloo tirent leur épingle du jeu.

Nous garderons un œil attentif dans un prochain article sur ces réussites urbaines en matière de gestion des centres-villes.

 

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